Qu'écrirait Molière aujourd'hui ?
Il chercherait à écrire quelque chose de drôle d'abord. Parce que ça lui plaît de ricaner, de se moquer. Et puis parce que les grosses farces, c'est de son âge.
Ensuite, il se concentrerait sur les relations entre les hommes et les femmes, dans ce qu'il y a de si peu honorable qui les mène : la jalousie, la flagornerie, la flatterie, l'amour piteux, l'avarice, la méchanceté, l'envie, l'intérêt, le pouvoir, la couardise ... Mais Molière n'est pas un moraliste à thèse, un philosophe moralisant car c'est d'abord un homme de théâtre : ces travers sont utilisés comme les ressorts d'une intrigue qui doit amener, conserver et ramener le public. Les siècles suivants se sont chargés d'en faire un critique osé et courageux de son temps, mais je ne crois pas que c'était au centre de son propos. Je pense qu'il voulait juste "faire ch...r" le monde, surtout quand celui-ci s'entête à être vil, grotesque et vulgaire. Il soulignerait certainement une tension sociale de soumission (patron-employé, maître-maîtresse, gilets jaunes, antivax, desinformation, ...)
Il n'épargnerait personne, mais ne condamnerait totalement personne non plus : il n'est pas manichéen. Tous ses personnages présentent en alternance des moments de beauté et de médiocrité. De médiocrité d'ailleurs, bien plus que de noirceur. La tendance actuelle de faire d'Alceste un "Misanthrope" à la limite de la psychopathologie est intéressante, mais pas de Molière. Molière n'est pas un tragédien enflammé. Les nuances de ses caractères me semblent chercher à compenser (ou ... à "faire ch...r") ce pessimisme de la tragédie classique (Corneille, Racine, ...).
Enfin, il s'en prendrait à quelque corps de métier qui promet beaucoup et ne donne que des remèdes suspects. Je pense en particulier aux médecins. aux psys ?